À la suite d’études en graphisme et en architecture, puis d’une fulgurante carrière en publicité, Louise Jolicoeur développe, en autodidacte, des pratiques picturales et sculpturales qui lui réserveront une reconnaissance inespérée. Précocement initiée par la production artistique de sa grand-mère paternelle outaouaise, l’artiste héritera d’elle la signature Jolic sous laquelle elle est maintenant plus connue. C’est par la sensibilité de cette aïeule que Louise apprend à apprécier la beauté et la simplicité des matières autour d’elle, celle du veinage des galets aux dénivellations du paysage. Grâce à son talent, sa détermination et sa fougue, Jolic est maintenant devenue une artiste primée au rayonnement international qui cumule depuis des années prix et mentions honorables, entre autres auprès de la Federation of Canadian Artists (FCA), de Artfinder au Royaume-Uni et du Circle Foundation for the Arts pour n’en énumérer que quelques-uns. Son travail est notamment représenté par les Galeries Beauchamp de Toronto, Québec, Baie-St-Paul et Montréal.

 

Pour elle, l’art est une relation avec ses ressentis qu’elle matérialise instinctivement au gré de ses émotions. Sensible à l’affect des sens, c’est entière qu’elle communie avec la fertilité de son imaginaire, le souffle du vent, la migration des oiseaux, la lumière du ciel, la présence monumentale des arbres qui règnent en maître dans la belle campagne nichant son atelier de Grenville-sur-la-Rouge.

 

Généralement peintes à la manière noire, sur un canevas de base sombre, ses toiles naissent dans le silence apaisant dont l’artiste aime s’entourer. Instinctivement elle active alors ses pinceaux, spatules, chiffons pour donner naissance à une composition qui porte toujours la trace directe de ses mains pour assurer un geste fluide et naturel. C’est ainsi, dans une complicité intime entre l’œuvre et sa créatrice, que la toile trouve son aboutissement, tache après tache. Savoir s’arrêter, se détacher, reconnaître le sentiment de satisfaction et de l’objectif accompli devant une structure harmonieuse suffisamment riche sans en faire trop, demeure le défi auquel se contraint la peintre.

 

Ses œuvres abstraites, grand format, d’allure expressionniste sont suaves, pleine d’ondulations rappelant les énergies vitales. Fortes de leurs contrastes et d’un curieux sentiment d’équilibre intemporel, elles suggèrent l’apaisement et la grâce par les harmonies chromatiques recherchées et restreintes. Bien que généralement réalisées sur fond sombre, chacune d’entre elles est rehaussée de pigments violets, turquoises ou mordorés qui, par leurs effets de clair-obscur, dissolvent complètement l’aspect tragique d’un tel arrière-plan. À chaque fois, des points focaux consciencieux sont positionnés au sein de l’œuvre créant ailleurs des zones de repos visuel qui servent adéquatement à désobstruer la lecture. Du médium à craqueler vient régulièrement occasionner un rendu texturé d’une richesse fascinante qui rend ses tableaux aussi intéressants à contempler avec recul que dans un rapport de proximité.

 

Dans son vaste repaire situé au pied de la falaise, l’artiste se permet d’utiliser la balançoire installée dans son lieu de travail où, avant de débuter toute œuvre, elle lève les pieds de terre pour délaisser le coté cartésien et se brancher sur l’intuition créative.

 

(Crédit texte: Sylvie Coutu M.A., Historienne de l’art, médiatrice culturelle, experte régionale MCCQ