Refusant la médiation des outils traditionnels qui pourraient diluer cette connexion viscérale avec la toile, Désilets préfère la spontanéité. Il déploie une palette de matériaux divers—acryliques éclatants, crayons dynamiques, pastels à l'huile doux et collages de textures variées—qu'il orchestre avec ses mains pour jeter les fondations de son œuvre. C'est dans ce chaos contrôlé, sur ces toiles imprégnées d'affect, que naissent les atmosphères uniques de ses tableaux. À partir de ces fonds abstraits, l'artiste fait émerger des personnages qui, tel un chœur antique, narreront l'histoire captive dans la toile. Seuls les pinceaux et autres instruments viennent parfaire le tableau, non pas pour créer, mais pour affiner, pour détailler.
Patrice Désilets a cultivé son art loin des chemins battus. Enfant, chaque surface devenait un canevas potentiel où il transcrivait les épopées de son monde intérieur. Les études en beaux-arts n'ont été qu'un interlude bref, un chemin trop balisé pour celui qui aspire à une liberté créative sans entraves. En se forgeant en tant qu'artiste autodidacte, il a émancipé sa pratique de toute attente académique, préférant suivre le rythme de ses propres inspirations.
Né à Grand-Mère, Patrice Désilets a porté son héritage artistique à travers les paysages de sa vie pour finalement établir son atelier dans la périphérie de Montréal. C'est ici, dans cet espace où la ville rencontre la quiétude des banlieues, que Désilets poursuit son dialogue intime avec la toile, élaborant un langage visuel qui transcende la simple catégorisation de technique mixte pour se poser en tant qu'expérience sensorielle et émotionnelle. Chaque œuvre devient ainsi une fenêtre sur l'âme d'un artiste pour qui l'acte de création est aussi vital et spontané que la respiration elle-même.